Espoir, le coucher de soleil semble avoir regagné en lumière.

Couverture réalisée par Océane Richard que vous pouvez retrouver ici

Premières impressions

Science-fiction ? Check. Transhumanisme ? Check. Nouvelle que j’ai aimée lire ? Check!
Surcharge système est une nouvelle disponible sur le Wattpad et sur le blog de KeoT. On y découvre qu’un malware a été créé pour rentrer dans le système d’implants afin de le surcharger, allant jusqu’à tuer son utilisateur. (Et je n’en dirais pas plus) Effectivement, les fictions transhumanistes portent régulièrement sur ce genre de sujet. (on se souviendra du jeu « red string club » pour ceux qui ont la référence) Mais on a ici un point de vue sensiblement intéressant. Celui du directeur du service clientèle de la compagnie qui gère les fameux implants. Et c’est en grande partie grâce à ça qu’on est directement au centre du sujet. Sans fleureter inutiles. Qu’on est tenu en haleine tout au long des six courts chapitres. Ponctuez le tout d’un rythme d’écriture effréné et vous avez un récit qui ne vous laisse pas le temps de respirer tellement vous souhaitez le dévorer.

Implication à la première personne

La première personne est, pour ma part, un exercice risqué. Soit on arrive à rentrer dans le crâne de notre personnage, on le développe et on arrive à quelque chose de vachement complexe et intéressant. Soit on ne fait que le survoler et l’histoire perd de son charme. Ici on est dans un texte rythmé par son protagoniste, ses peurs, plutôt ses angoisses mêmes, ses coups de pressions, son désarroi. Il laisse une empreinte ineffaçable sur le rythme du récit. Chacune de ses émotions est retranscrite de sorte qu’on se les réapproprie. Qu’on entre en lui. Qu’on ait peur pour lui. On en arrive donc à se faire happer par cette histoire et oublier que ça en est une, d’histoire.

Un rythme intense, une durée de vie écourtée

Soyons clairs. On lit cette œuvre à 100 à l’heure. On la dévore sans pause ? On ne fait qu’accélérer jusqu’à en surcharger. Encore une fois grâce au rythme. (je ne le répéterais jamais assez, le rythme est très important dans un récit.) Plus on avance dans notre lecture. Plus notre monde s’efface pour laisser place à celui de l’auteur. Jusqu’au point culminant. Qui laisse rapidement place à l’accalmie. L’œil du cyclone prend place lors du dernier souffle du récit. Apaise le lecteur, le protagoniste, l’œuvre.

Conclusion

Si vous avez envie de vous couper du monde le temps de lire une nouvelle, celle-ci est faite pour vous. Si je n’avais qu’une chose à dire (et encore, ce n’est pas réellement une critique) c’est qu’à ma première lecture j’avais l’impression (à tort) que le texte était incomplet. Puis les derniers paragraphes m’ayant posé j’ai très vite compris qu’il n’avait rien besoin de plus, on est, de ce fait libre de terminer nous-mêmes le récit. Et puis continuer l’histoire aurait été, pour ainsi dire, contradictoire avec le reste. De plus, à la relecture (je relis toujours au moins une fois chaque œuvre) j’ai décelé plein de petits éléments qui étaient là, sous mes yeux et qui m’ont permis de mieux apprivoiser le récit. C’est quelque chose de fort intéressant. Comme une seconde vie.
Je vous invite donc à lire, relire et rerelire Surcharge système et à aller découvrir KeoT. Il en vaut la peine !

Mininterview

1) qu’est ce qui t’as inspiré pour écrire cette nouvelle ?

L’inspiration initiale pour Surcharge système m’est venue d’une conférence du CRO de F-Secure, Mikko Hyppönen, qui est un expert en sécurité informatique très réputé. Il rapportait une anecdote concernant des infections d’objets connectés utilisés comme botnets pour lancer des attaques DDoS, du spam ou miner de la cryptomonnaie. C’est une grande tendance au niveau du cybercrime, du fait de la multiplication de l’IoT (internet of things), et ça touche à peu près n’importe quel appareil connecté : frigo, lave-linge, caméras de surveillance, grille-pain, box… J’ai voulu essayer d’imaginer une autre forme d’objets vulnérables, en prenant l’esprit classique du cyberpunk avec des implants augmentiques… En leur transposant les problèmes de sécurité mal gérée que connaissent les objets connectés actuels.

2) t’aurais pas une micronouvelle à me faire sur cette image?

Ils se tiennent face à face. Le regard plissé sous le soleil de l’Ouest, à l’ombre de leur chapeau à rebord large. Tic nerveux de la lèvre. Le shérif défie son adversaire du regard. Entre les deux ennemis jurés, une mouche bourdonne. Le desperados esquisse le geste fatal. Sa bouche s’entrouvre. Mais le shérif est plus rapide. Le crachat part. S’écrase entre les deux yeux. Le lama cille. S’effondre.

3) Tu aurais un conseil à donner à ceux.celles qui écrivent des nouvelles?

Quelque chose qui m’a particulièrement aidé pendant les quelques années où je me concentrais presque exclusivement sur le format nouvelles, ce sont les appels à textes. Si vous ne connaissez pas, le principe est très simple : régulièrement, des maisons d’édition ou des revues cherchent à rassembler des textes autour de thèmes plus ou moins précis, afin de constituer des anthologies ou des numéros thématiques. Par exemple, l’une de mes premières publications, en 2018, est une nouvelle rédigée pour un AT des Éditions Arkuiris sur le thème de la musique en SFFF. La consigne était d’imaginer soit une musique du futur, soit d’un monde différent, ou sous un jour surnaturel, fantastique… J’ai opté pour la création musicale par une IA. Ce que je trouve particulièrement intéressant avec les appels à textes, outre qu’ils peuvent permettre de publier des nouvelles, un format très difficile à faire passer dans le circuit éditorial en France, c’est la contrainte thématique imposée qui peut s’avérer, pour ma part du moins, très stimulante. Plus qu’un carcan, je la vois comme un défi dans lequel parvenir à surimposer mes propres thématiques habituelles, ma patte, etc, tout en respectant les consignes demandées. Si vous n’avez jamais tenté l’expérience, je vous recommande vivement d’essayer les appels à textes. Un exercice aussi constructif qu’il peut s’avérer gratifiant !