Avec @Angrobda_Laws nous avions décidé le mois dernier de lancé un grand calendrier de l’avent (mais si ! rappelez vous) et d’ailleurs, qui dit calendrier de l’avent dit noël ! Du coup voici un enfant qui joue avec ses cadeaux récemment acquis :

Désolé mais il me fallait une excuse pour placer ce magnifique GIF

Revenons en à nos moutons (de noël évidemment), le texte qui m’a le plus plu parmi ceux qui m’ont été proposés est celui de @NoonaStories :

Vagabond

Ce matin encore, je l’ai vue. Elle courait. Sa queue de cheval voltigeait dans tous les sens. Elle fait son footing tous les samedi matin à la même heure, dans ce parc où nous nous sommes rencontrés pour la première fois. Elle portait une paire de bottes marrons qui s’arrêtaient juste en dessous des genoux, une jupe en jean et un chemisier blanc dont elle avait relevé les manches au-dessus des coudes. C’était en septembre je crois, il faisait encore du soleil mais les températures commençaient à baisser. La canicule était passée, j’étais toujours là. C’est l’hiver qui m’a eu. Enfin peu importe, ce qui compte c’est ma princesse. Une nana en or. Elle était timide, alors au début je croyais qu’elle m’ignorait comme les autres, jusqu’à ce que je comprenne qu’elle avait juste peur d’aller vers les gens. Elle devait aller à l’université ou dans une grande école, parce que je la voyais passer tous les matins et tous les soirs avec son sac sur le dos et elle ne ressemblait pas à une gamine du lycée.

    Ce jour-là, celui de notre rencontre, c’était la première fois qu’elle m’adressait la parole. Elle avait un gobelet de café dans chaque main. Elle m’en a tendu un et a sorti des croissants de son sac. On a partagé ce moment tous les deux. Elle était gênée, je vous l’ai dit, elle ne sait pas s’ouvrir aux autres, et elle se sentait mal pour moi. Elle vivait chez ses parents alors elle ne pouvait pas faire grand chose de plus. Alors j’ai engagé la conversation. Après ça, elle a continué à venir me voir, elle m’aidait comme elle pouvait et c’était déjà bien plus que la majorité des gens, y compris ceux qui se donnent bonne conscience parce qu’ils ont donné dix centimes à un sans-abris.

    J’ai pas envie qu’il lui arrive quelque chose à la petite. Enfin, la petite, je crois qu’elle a à peu près le même âge que moi. Elle va bientôt passer de l’autre côté, je devrais être heureux, on va se revoir, mais je n’y arrive pas, c’est trop tôt pour elle. Moi c’était pas pareil, j’étais rien sur Terre et je n’avais aucun avenir, mais elle, elle pourrait faire tellement de choses encore ! Ça me fout en rogne tout ça. La vie est cruelle et la mort aussi. J’ai toujours pensé qu’il y avait une justice au moment où on casse sa pipe, mais non. On se sera connu le temps d’une saison, je l’aurais admirée de loin une année entière, au moins je peux être reconnaissant pour ça. Je t’attends, ma princesse.


Les premières feuilles tombaient des arbres, l’automne s’installait tranquillement, la chaleur de l’été avait laissé place à la grisaille de septembre, au grand dam des étudiants qui regrettaient la fin des vacances. Le feu passa au vert pour les piétons, une jeune fille vêtue d’un imperméable bleu marine traversa la rue, un casque sur les oreilles. Une fine pluie avait rendu le sol humide. Elle glissa sur une plaque d’égout et se tordit la cheville. Son casque tomba sur le sol. Elle le ramassa et se relevait pour continuer sa route lorsqu’elle entendit une voiture freiner brutalement. Elle leva les yeux et aperçut un véhicule blanc foncer droit sur elle. Le chauffeur, qui avait grillé le feu de signalisation, roulait beaucoup trop vite et les pneus avaient perdu leur adhérence à cause de l’eau. La jeune fille eut à peine le temps de comprendre ce qui se passait. Elle fut percutée de plein fouet par le véhicule.


Ils s’en remettront les gosses, et la pauvre veuve aussi. Ce qui me rend le plus triste finalement c’est de ne pas pouvoir dire adieu à ma princesse. Le jour où son heure arrivera elle ira là-haut parque ce que c’est une bonne personne et moi je serai coincé ici. C’est égoïste je sais, mais une demande pareille ça avait un prix vous vous en doutez bien. Les gens qui décident de ce que vous devenez après la mort ne se laissent pas si facilement influencer vous savez, mais pour elle j’étais prêt à sacrifier mon ticket d’entrée au ciel, de toute façon j’y étais jamais, je préférais la regarder courir dans le parc. Et puis ça ne changera pas beaucoup de la vie que j’ai menée, vagabond un jour vagabond toujours, au moins maintenant je n’ai plus froid, ni faim. Mon seul regret c’est de savoir qu’un jour je ne pourrai plus la voir du tout. J’aurais aimé être un de ces gars qui empruntaient les mêmes escaliers qu’elle, pas forcément un mec riche, mais qui ait un toit sur la tête le soir et l’air moins misérable. Je ne l’aurais pas laissée manger seule le midi, je l’aurais aidée à porter ses livres quand elle revenait de la bibliothèque les bras chargés. Les gens regardent trop avec leurs yeux et pas assez avec le cœur, sinon ils auraient vu combien elle est belle et merveilleuse ma princesse.


Assise sur un banc, Éloïse lisait un roman en attendant son ami. Bastien et elle était dans le même groupe de travail à l’université. Il était toujours seul alors elle lui avait proposé de partager un café, pas par pitié mais parce qu’elle non plus n’avait aucun ami. Ils étaient devenus inséparables. Bastien s’approcha d’elle, un magnifique bouquet de roses blanches dans les mains. Il était enfin prêt à lui déclarer sa flamme. « Éloïse, Éloïse tu m’entends ? », la voix de sa mère était lointaine. La jeune fille ouvrit les yeux avec difficulté. Quelque chose l’empêchait de bouger. Tout était flou autour d’elle, comme si on l’avait droguée. Elle se concentra sur la voix qui l’appelait. Une douleur lancinante lui parcourait le corps tout entier. Sa mère sanglotait. La vision d’Éloïse se précisa et elle comprit qu’elle était reliée à une machine qui l’aidait à respirer.

    La convalescence de la jeune fille fut longue et douloureuse. Puis arriva le jour tant attendu de sa première sortie, seule. Elle y tenait tellement que c’est ce qui lui avait permis de ne pas céder à la folie pendant tout ce temps. Elle se rendit en premier lieu chez le fleuriste, puis dans le parc où elle déposa un énorme bouquet de roses blanches. « Je te rejoindrai, Bastien. Attend-moi. ». Une brise se leva et lui caressa tendrement la joue. Elle ferma les yeux et une voix lui murmura « Vis ta vie ma princesse, oublie-moi. Nous ne pourrons jamais être réunis, mais je veillerai sur toi jusqu’à ce que tu atteignes la lumière. ».


Je pense qu’après lecture vous comprenez aisément pourquoi je l’ai sélectionner. C’est un texte à lire en se laissant emporter par les mots couchés sur l’écran. Puis à relire en essayant de les décrypter.

Joyeux noël à tous.tes, je vous laisses avec un père nowel qui fait du twerk :